Ensilage 2025 : Combien vaut un hectare de maïs sur pied ?

Dois-je vendre mon excédent de maïs sur pied pour l’ensilage, ou attendre encore quelques semaines pour le récolter en grain ? Chaque année, les transactions vont bon train pendant la campagne d’ensilage. Et pour les acheteurs comme les vendeurs, l’enjeu est de trouver un juste prix.

Pour ce faire, les Chambres d’agriculture ont leur technique : déterminer la marge potentielle liée à la vente de maïs grain et chercher à la retrouver grâce à la vente de maïs sur pied.

La base du raisonnement consiste à avoir une approximation du cours du maïs grain au moment de la récolte. Actuellement, compter 190 €/t rendu Bordeaux d’après notre rubrique marché. Les frais d’approche (variables selon la localisation de l’exploitation), et les frais de séchage (variables selon les conditions de récolte) seront à déduire de la cotation. Si bien que pour une ferme fictive que nous placerons dans les Pays de la Loire, 25 € de frais d’approche seront retenus, ainsi que 20 € de frais de séchage. Autrement dit, la tonne de maïs grain séchée au départ de l’exploitation rapportera 145 € à l’éleveur.

Estimer le rendement de la parcelle

En plus des cotations, le potentiel de rendement conditionne la valeur de la parcelle. Le nombre de grains présent par mètre carré permet d’avoir un aperçu du rendement en grain. Des tables de conversion permettent ensuite de convertir le rendement en grain en rendement en ensilage.

Si le comptage peut sembler fastidieux - un maïs à 19 t. MS/ha affiche plus de 4 000 grains par mètre carré — il est possible d’aller vite avec un peu de méthode.

Pour savoir combien de grains sont présents au mètre carré, les conseillers proposent de compter le nombre d’épis présent sur un rang de maïs. Sur un maïs implanté avec un inter-rang de 50 cm, compter les poupées présentes sur 20 m de la rangée revient à savoir combien d’épis sont présents sur 10 m². Pour un maïs semé à 75 cm d’inter-rang, on comptera les épis sur 13,33 m, et pour un maïs semé à 80 cm, on retiendra 12,5 m de la culture. Dans les trois configurations, le comptage permet d’obtenir le nombre d’épis présent sur 10 m².

Une fois le nombre d’épis connus, reste à savoir combien de grains ils contiennent. Bonne nouvelle : pas besoin de tous les compter. On gardera seulement 10 poupées représentatives. Plutôt que de compter les grains un à un, on comptera le nombre de rangs présent sur chaque épi, que l’on multipliera par le nombre moyen de grains par couronne.

Toutes ces données permettent d’avoir une approximation du nombre de grains présent par mètre carré. Une table de conversion apporte ensuite une idée du rendement en grain, et en tonne de matière sèche hectare pour l’ensilage.

Avec 3 000 grains/m², notre ferme fictive peut tabler sur un rendement en grain autour de 90 quintaux, et de 15 t. MS/ha pour l’ensilage. Avec un prix du grain sec sur la ferme autour de 145 €/t, le produit grain par hectare est de 1 305 €.

Compter 78 €/t MS pour un prix du maïs grain à 190 €/t, et un rendement de 15 t MS/ha.

Attention, en vendant son maïs sur pied, l’agriculteur n’aura pas engagé de frais de battage. Sur notre ferme fictive, nous retiendrons 130 €/ha de frais de récolte (cette donnée varie selon les régions agricoles et les modalités de récolte), ce qui donne une valeur du maïs sur pied de 1 175 €/ha. Pour réaliser le même bénéfice en grain et en ensilage, notre agriculteur devra donc vendre son maïs autour de 78 € la tonne de matière sèche.

Conserver sa marge lors de la vente en ensilage

Il est également possible de conserver la même marge en vendant du maïs ensilage en sortie de champ. On intègre alors les coûts de récolte à la tonne de matière sèche. Pour notre éleveur fictif, compter 105 €/t.MS si l’on intègre des frais d’ensilage autour de 350 €/ha.

Plus la vente se déroule en aval de la chaîne de récolte, plus le prix de la matière sèche grimpe. Dans le cas de vente de maïs ensilage au silo, ajouter 5 à 10 % de frais de confection de silo, couplés à un taux de freinte d’au moins 7 %. « À la valeur de la tonne de matière sèche sur pied, on rajoutera alors les frais de récolte, de transport, de stockage, y compris main-d’œuvre… que l’on peut estimer à 45 €/t de matière sèche » note la Chambre d’agriculture de Bretagne.

Mais la vente de maïs reste un commerce comme un autre, et les deux partis peuvent avancer des arguments pour faire varier les prix. La vente de maïs sur pied pour l’ensilage présente l’avantage de rendre la parcelle plus vite disponible pour une autre culture. À l’inverse, la récolte en grain permet de restituer davantage de matière organique au sol par rapport à l’ensilage.

L’acheteur peut également avancer des arguments, en évaluant un prix plafond à partir duquel il est plus avantageux pour lui d’acheter un autre fourrage, comme de l’enrubannage par exemple.

Mieux vaut également à effectuer son estimation de rendement sur une zone représentative de la parcelle : « attention aux fortes hétérogénéités intra et inter-parcellaires, en termes de densité, en fonction des attaques de mouches, taupins, oiseaux, ou autres stress qui ont pu avoir lieu », rappelle la Chambre d’agriculture. Si les chiffres donnent une bonne base de discussion, les talents de négociation de chacun font le reste !